CRMT
Collège Royal Marie-Thérèse de Herve
ESH

historique


L'histoire du "Vieux Couvent Saint-François" commence au moment où mère Elisabeth de Sainte Marie (Judith Ferette) et ses trente consœurs Pénitentes Récollectines emménagent, un matin d'avril 1680, dans la grosse ferme qu'elles viennent d'acheter rue Haute à Herve, le 20 mars précédent, à Robert Bertin Hannot seigneur de Goé et drossart du Quartier Wallon.

Les religieuses sont des réfugiées de la ville de Limbourg.  Leur couvent situé près de la forteresse a été d'abord fortement endommagé puis détruit complètement par une armée française de Louis XIV. En deux temps, en 1676 puis en 1678, les sœurs sont arrivées à Herve, d'abord dans le refuge des pères Récollets, noyau du futur collège de 1777, puis dans la maison de l'avocat Hauregard, au Tiège.

Elles entrent maintenant dans leur nouvelle propriété avec l'intention de réaliser une double mission: vivre leur vie consacrée car elles sont avant tout contemplatives et instruite la jeunesse car elles sont aussi institutrices.

Elles portent une robe et un scapulaire en drap brun; sur celui-ci il y a une croix de drap noir avec la couronne d'épines, la lance et l'éponge en sautoir; en bas deux fouets.

Il va falloir construire des locaux appropriés pour la communauté et pour les futurs élèves.

On commence d'abord par élever l'aile sud "le grand quartier tourné vers Herve" avec les cellules des sœurs et les premiers locaux scolaires; ensuite on termine le cloître et on clôture l'ensemble de la propriété avec ses jardins et ses prairies acquises en trois fois.  L'établissement s'étend ainsi jusqu'à la Promenade du grand Tiège (Avenue Reine Astrid) et au Petit Tiège (rue Leclercq).   L'érection de l'église, consacrée le 3 octobre 1734, achève l'ère des constructions qui aura duré une cinquantaine d'années.


Pendant un siècle la communauté va prospérer et elle comptera jusqu'à 48 religieuses qui, pour la plupart, appartiennent aux familles nobles de la région.

Les religieuses tiennent un pensionnat pour demoiselles, une école pour les petites filles de Herve et hébergent aussi quelques vielles personnes.

Mais, à la fin du XVIIIe Siècle, des difficultés de toutes sortes vont tomber sur le couvent. D'abord, depuis pas mal de temps déjà, il y a des embarras financiers.  Les bâtiments sont vastes, trop vastes; leur construction et leur entretien trop coûteux.   Le revenu provenant des pensionnaires n'est pas suffisant et il faut emprunter et faire appel aux secours extérieurs. Ensuite les mouvements de troupes causés par la Révolution brabançonne de 1790 amènent les Autrichiens à installer au couvent un grand dépôt de farine et de foin et à y construire des fours et une boulangerie.

L'Occupation française sera plus dommageable encore.  Le couvent est déclaré propriété nationale.  Le 2 novembre 1797, les religieuses reçoivent l'ordre de prendre le costume laïque mais on leur permet toutefois de rester au couvent.  En 1798, le Domaine fait vendre le mobilier qui heureusement, racheté par des habitants de Herve, est revendu aux religieuses.  Le couvent lui-même est loué à un Hervien, Léonard Jacob qui, lui aussi, ne s'en rend locataire que pour la forme.

Sous l'Empire, le 20 mars 1807, l'école primaire est rétablie avec 5 religieuses reconnues officiellement comme institutrices et, le 18 novembre suivant, le pensionnat peut rouvrir ses portes.

En 1815, il est question de transformer le couvent en établissement militaire. Cela jette l'émoi chez les sœurs et chez les Herviens.  Heureusement ce projet ne se réalise pas.  Plus tard encore on songera à y établir le collège dont les locaux sont fort délabrés et occupés d'ailleurs par la gendarmerie et l'administration.

Il y a aussi des problèmes internes à la communauté.  Les religieuses vieillissent et ne peuvent être remplacées.  En 1832, elles ne sont plus que cinq.   C'est alors qu'elles font appel aux Sœurs de la Providence.

Pendant 16 ans, jusqu'à la mort de la dernière Récollectine, sœur Marie Constance Thunus, décédée le 24 janvier 1848 à 81 ans, il y aura cohabitation vertueuse entre les religieuses des deux congrégations.

Enfin, voici la dernière et la plus importante difficulté qui débute le 15 juillet 1881.  Dans l'esprit de la lutte scolaire de l'époque, l'Etat qui se prétend propriétaire du couvent veut en expulser les religieuses.  Un long procès va commencer sur cette question de propriété.

Dans un premier temps, le tribunal de Verviers déclare l'Etat propriétaire et les sœurs sont priées, le 6 juillet 1882, de quitter le couvent dans les 40 jours.   Elles interjettent appel mais en attendant achètent la ferme du moulin Dellicourt en faillite, située dans l'actuelle avenue Reine Astrid.  La construction du "Nouveau Couvent" commence immédiatement et, le 1er octobre 1884, le pensionnat peut s'y installer.

Dans un deuxième temps c'est ville de Herve qui, reconnue propriétaire du couvent par la Cour d'Appel, prie à son tour les sœurs, le 18 juin 1885, de vider les lieux.   Après un nouveau jugement les sœurs doivent bien s'exécuter et quitter avant le 1 er septembre 1886.

Voilà la ville en possession du couvent mais elle ne sait qu'en faire. Finalement, il est mis en vente aux enchères et les sœurs le rachètent, le 10 octobre 1889, pour la somme de 46 000 FB.  Les religieuses peuvent alors installer l'externat au couvent et prendre quelques dames pensionnaires.  En 1903, on y ouvrira une Ecole Menagère Agricole.

Pendant la guerre 1914-1918, le couvent n'aura pas trop à souffrir.  Dans les premiers jours, pendant l'incendie de Herve, il servira de refuge à beaucoup de malheureux Herviens; puis il sera occupé pendant plusieurs jours par des soldats allemands.

En 1936, l'Ecole ménagère se transforme en Institut Moyen Professionnel Ménager Agricole qui plus tard sera transféré lui aussi au nouveau couvent.

En 1961, les religieuses et l'internat vont s'établir Avenue Reine Astrid tandis que l'Ecole Gardienne et Primaire continue rue Haute sous la dépendance de la paroisse.                            

La partie libre du couvent est vendue à l'Evêché qui y installe l'Institut Technique Sciences-Agronomie pour garçons qui devient finalement, à partir de 1983 l'Institut de la Providence Herve (I.P.H).

Pour plus d'Informations consulter le livre de René Demollin, ancien Président de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Plateau de Herve.